Quelle fille n'a pas voulu un jour être agent de bord ? On voyage partout dans le monde, on rencontre plein de gens, on est jet-set! Ouais, enfin ce n'est pas tout à fait ca
J'ai obtenu un DEP en tourisme en 1996. J'ai d'abord travaillé dans une petite agence de voyage pendant 6 mois et je n'ai pas aimé ca. Ensuite, j'ai été agent de réservation chez Royal Vacances, un grossiste qui vendait des destinations-soleil (sud). L'entreprise était affiliée avec la ligne aérienne Royal et partageait les mêmes bureaux. J'ai donc pu voir un peu le fonctionnement des compagnies aériennes. À cette époque, l'idée d'être agent de bord me titillait déjà. Quelques collègues de bureaux ont d'ailleurs fait le saut et semblaient aimer ca. Royal Vacances a été vendu (mais pas Royal, le cie aérienne) et je suis partie travaillé pour Tours Chanteclerc, un autre grossiste qui offre des destinations plus spéciales sur tous les continents. J'étais forfaitiste pour le département Asie/Pacifique-Sud. Comme c'était situé dans le Vieux-Montréal et que j'habitais Laval, je me suis tannée de faire le trajet en transport en commun tous les jours. C'est à ce moment que j'ai vu que la ligne aérienne Royal cherchait des agents de bord pour sa base de Montréal. Le problème avec les compagnies aériennes, c'est qu'elles cherchent souvent du personnel pour leurs bases de Toronto ou Vancouver alors il est rare qu'on puisse être embauché pour commencer à travailler à Montréal de façon garantie.
Je suis allée à l'entrevue vêtue comme une agente de bord modèle : jupe bleue marine, blouse blanche, veston marine, les cheveux bien coiffés, un maquillage discret et les ongles vernis. L'apparence est très importante pour être agent de bord; il faut toujours être soignée et bien mise. Lors des évaluations de routine pendant un vol, le directeur de vol doit noter notre coiffure, maquillage, manucure… On doit se remettre du rouge à lèvres avant l'atterrissage, on doit toujours porter du vernis à ongles et avoir les cheveux bien coiffés. Je savais tout ca, alors j'y ai mis le paquet. J'ai été embauchée!
C'était tout un risque puisque la ligne aérienne embauchait 30 nouveaux agents de bord. Nous devions suivre une formation intensive d'un mois au cours duquel il y aurait des examens presqu'à tous les jours. Il fallait obtenir une note de plus de 80% à tous les tests. Si on échouait deux tests, on était «out». Mais le pire, c'est que ce mois de formation n'était pas rémunéré! À la fin de la formation, notre ancienneté serait calculée selon notre note finale puisque les 30 personnes avaient la même date d'embauche.
Ce ne fût pas un mois de tout repos. On nous avait bien avisé : on ne sait jamais à quelle heure on finit, l'horaire peut être modifié en tout temps, on peut avoir des formations le jour, le soir, la nuit, la fin de semaine. Et surtout, aucun retard ou absence n'est toléré. Chaque jour, on scrute notre habillement, nos cheveux; il faut toujours être à son meilleur…même si on termine à minuit! On a beaucoup de matière à étudier, beaucoup de par-cœur et on a des examens régulièrement. Il y a des tests théoriques sur les procédures d'urgences, la localisation du matériel d'urgence sur chacun des appareils, les premiers soins… Il y a aussi des «drills», des mises en situation, des situations d'urgence quoi ont lieu à bord d'un avion et où on doit agir comme si c'était vrai. Il y a des soirs où on y reste jusqu'aux petites heures du matin, jusqu'à ce que tout le monde ait passé le test. Un soir, tout le groupe part faire un «tour d'avion». Un pilote nous fait expérimenter le genre de choses qui peuvent arrivées dans les airs : décrochage, piqué du nez, prise soudaine d'altitude, trou d'air, atterrissage manqué où l'avion doit redécoller rapidement… ca a brassé! J'avais mon petit «sac à vomi» tout près parce que ce n'était pas facile pour l'estomac!
J'ai effectué mon premier vol le 18 décembre 2000. C'était un Montréal / Fort Lauderdale / Montréal. Selon moi, les vols sur la Floride sont les plus difficiles. À l'époque, les compagnies aériennes ne servent pas que des sandwiches et Royal est reconnu pour en offrir beaucoup : service d'écouteurs, service de breuvages, service de repas, service de café, re-service de breuvages, service de digestifs (oui, oui!!). Alors servir tout ca sur un vol de seulement trois heures avec plein d'enfants qui courent partout, c'est vraiment pas facile. L'avion a l'air d'un dépotoir après un «fort-lolo»! J'avais les pieds en feu à la fin du vol!
Dans le temps du jour de l'an, je louais toujours un chalet avec famille et amis à chaque année. J'avais donc réussi à échanger un vol le 31 décembre pour un «réserve» le 30 décembre. Ce qui veut dire que j'étais en congé le 31 mais en «stand-by» le 30 alors j'avais des chances de ne pas travailler non plus. Évidemment, j'ai été appelée…pour un vol de nuit en plus! J'ai dû partir le 30 au soir du chalet pour opérer un vol et revenir le 31 en avant-midi. Faire 1h30 de route en pleine tempête après un vol de nuit…mettons que la radio jouait à tue-tête pour me tenir réveillée.
Un agent de bord travaille habituellement 80h par mois. Mais attention, les heures payées sont seulement le temps où les moteurs tournent. C'est-à-dire que les agents de bord ne sont pas payés pendant le temps au sol, l'embarquement, le débarquement, le briefing avant le vol (obligation d'arriver 1h30 avant le vol). Ceci signifie qu'on est rémunéré pour 80h par mois, mais en réalité on travaille un peu plus que ca.
Je détestais les Toronto. Souvent, une journée Toronto voulait dire :
07h00 AM (donc 5h30 à l'aéroport) vol Montréal / Toronto
30 minutes au sol, puis vol Toronto / Montréal
30 minutes au sol, puis vol Montréal / Toronto
4 – 5 heures d'attente à l'aéroport de Toronto (pourquoi ?!?!??!!?) à rien faire d'autres que jaser avec du monde que je connais presque pas (on a jamais le même équipage)
21h00 Toronto / Montréal
J'haïssais vraiment le monte/descend quatre fois de suite. En plus, l'équipe de ménage (les «groomers») font un ménage vraiment rapide en 30 minutes alors les toilettes empestent! Dans ce cas, comme le temps en devoir divisé par deux (6) dépasse le temps où les moteurs tournent (4), on est payé pour 6 heures.
Ou bien :
07h00 AM Montréal / Toronto
Transport à l'hôtel pour une nuit, glander à l'hôtel … des fois j'allais au cinéma ou au gym.
Lendemain 21h00 Toronto / Montréal
Je n'ai jamais compris comment les horaires étaient faits!!!
J'aimais bien les vols sur le sud. C'était de très grosses journées. Aller-retour le même jour, ce qui voulait dire : arrivée 1h30 avant le vol + environ 4-5 heures aller + 1 heure au sol + 4-5 retour + débarquement = une journée d'environ 12 heures. Mais ce qui était bien, c'est que 2 journées de sud et la semaine était faite !
Mais ce que je préférais, c'était les vols sur l'Europe :
Jour 1 - Départ en après-midi ou en soirée
Vol de nuit de 6-7 heures
Jour 2 - Arrivée en Europe le lendemain en avant-midi
Une nuit à destination
Jour 3 - Vol de retour de 6-7 heures et arrivée à Montréal en fin de journée
J'aimais tellement visiter! Beaucoup d'agent de bord allait faire une sieste en arrivant, se relevait pour aller souper dans un grand restaurant ou bien aller magasiner du Prada ou du Gucci. Les filles aimaient bien pouvoir glisser dans une conversation «j'ai acheté mon sac à main Channel en Espagne le week-end dernier». Je ne connectais pas du tout avec ce genre de vie. Moi, je n'allais pas dormir en arrivant sinon ca débalançait tout mon sommeil pour plusieurs jours. Je partais souvent seule, parfois avec des nouveaux qui allaient en Europe pour la première fois. J'adorais partir seule et me perdre! Une fois, à Lyon, j'étais sortie de mon hôtel et j'étais partie à pied. J'essayais de me rappeler où je tournais pour être en mesure de revenir, mais après plus d'une heure de marche j'avais totalement perdu le fil. Tant pis! J'ai continué à marcher, j'ai vu plein de belles choses, j'ai regardé les gens passer et je suis arrêté manger dans un petit resto. Pour revenir à l'hôtel, j'ai pris un taxi. Un petit truc : toujours ternir une carte d'affaire de son hôtel sur soi, de cette façon un taxi peut toujours être en mesure de nous ramener même si on ne parle pas la langue du pays.
J'ai été plus d'une vingtaine de fois à Paris. J'aime tellement Paris. Quelques fois, j'allais visiter une attraction touristique, mais d'autres fois j'allais juste me perdre dans les différents quartiers de la ville. Pouvez-vous croire que je n'ai jamais réussi à visiter Versailles! Une fois, je suis arrivée trop tard et le château était fermé alors j'ai pu voir un peu les jardins. Une autre fois, j'y suis allée un lundi…mais c'est toujours fermé les lundis! Alors j'avais passé toute la journée dans les jardins magnifiques.
En Europe, j'ai eu la chance de faire des vols sur Paris, Lyon, Londres, Hambourg, Lisbonne…
J'ai aussi été quelques fois dans l'Ouest canadien. Une fois, à Vancouver, nous sommes sortis tout l'équipage ensemble et nous sommes allés prendre un verre sur une terrasse…en février! Bon, c'était frisquet mais très agréable. A quelques reprises, je suis allée à Calgary; l'équipage et moi avons loué un Jeep pour rouler jusqu'à Banff. On est allé voir le Banff Spring Hotel et le Château Lac Louise. C'est beau Les Rocheuses! J'y suis allée aussi avec Érick avec des billets «stand-by» pour un court séjour de deux jours. Un jour, j'y retournerai pour un plus long séjour.
J'aimais le style de vie, le côté «anti-routine» d'un horaire aussi variable et surtout j'adorais voyager et visiter! Par contre, je détestais les attentes dans les aéroports, les délais et les retards, les changements de dernières minutes. Aussi, on dirait que les gens perdent tout leur gros bon sens en rentrant dans un avion. Des passagers se chamaillent pour une histoire de dossiers abaissés et m'appellent pour que je vienne régler leur malentendu comme dans une classe de maternelle. Tout le monde veut un siège côté hublot, mais il n'y a pas 300 hublots! On s'obstine avec des mamans qui ne sont pas capables de garder leur enfant assis pendant une période de turbulence, elles ne réalisent pas que c'est dangereux et que c'est pour leur protection.
Le 11 septembre 2001 a été une date très importante au niveau de l'aviation…évidemment! Pour moi, ca a changé ma vision du métier. Il y a des agents de bords qui ont été pris plusieurs jours dans des villes étrangères. De mon côté, j'ai eu la chance d'être en congé. Les vols ont repris graduellement quelques jours après les attentats. Mon premier vol après le 9/11 a été vraiment bizarre. C'était un vol sur Paris. Le vol a été retardé à cause de tout le rattrapage qu'il y avait à faire. Un peu avant de partir, le pilote nous a annoncé qu'il y avait un nouveau délai à cause d'un bris mécanique. Les mécanos sont venus faire la réparation, mais il leur fallait attendre après une pièce. Finalement, ils ont réussi à réparer l’appareil sans la pièce et le pilote a donné le OK pour procéder à l'embarquement. Quand les moteurs ont démarré, il y avait des flammèches! Le pilote demande au mécano de faire la réparation avec les passagers à bord, mais après un certain temps il se rend compte qu'il faudra vraiment changer la pièce défectueuse. On fait sortir les passagers. La situation est plutôt étrange. Pourquoi le pilote avait voulu décoller sans remplacer la pièce défectueuse? On va voler au dessus de l'Atlantique quand même! Toute cette histoire ne m'inspirait pas, surtout après les évènements du 11 septembre. Je n'avais pas peur des terroristes, j'étais juste plus consciente des risques de l'aviation. Comme le vol avait été retardé plusieurs fois et avait maintenant plusieurs heures de délai, je pouvais décider de refuser de voler. Si le temps en devoir dépasse 16 heures, un agent de bord peut refuser. Il y avait eu 7-8 heures de délai + 1h30 briefing d'avant vol + 7 heures de vol à venir donc ca aurait dépassé 16 heures. J'ai décidé de ne pas faire ce vol, j'avais un mauvais feeling. Je me sentais un peu mal parce que pour le reste de l'équipage ca voulait dire encore plus de délai car il fallait quelqu'un pour me remplacer. Le vol en question a finalement décollé sans moi et tout s'est bien passé. À partir de ce jour, tout a été différent pour moi. J'étais tannée de tout ca.
En novembre, j'ai écrit ma lettre de démission. Je n'avais pas d'autre job, mais j'en avais vraiment assez. J'en ai parlé à une collègue qui m'a dit que je devrais attendre un peu vu qu'il y avait des rumeurs de fermeture. C'est ce que j'ai fait. Deux jours plus tard, la compagnie faisait faillite! J'ai pu avoir droit au chômage. J'avais peur de ne pas trouver d'emploi parce que le tourisme après le 11 septembre, ce n'était pas facile. J'ai été 3 mois sur le chômage dont un mois où j'ai eu un contrat à la SAQ (temporaire pour les Fêtes). Puis, j'ai trouvé un emploi chez un grossiste spécialisé sur l'Italie.
Malgré tout je suis vraiment contente d'avoir fait l'expérience d'être agent de bord. J'ai vraiment aimé ca pendant un certain temps et ca m'a beaucoup apporté. Malgré le fait que je ne travaille plus dans le domaine du voyage, ca reste un sujet passionnant pour moi. Quand je parle de voyage, j'ai tendance à m'emporter…comme vous l'avez sans doute remarqué! Et j'adore écouter l'émission «Mayday» qui parle de catastrophes aériennes !
Prochaine capsule : Immersion anglaise à Fredericton
Le métier d'agent de bord m'interesse.Je trouve ça amusant de lire enfin un témoinage sur ce métier :) qui a ses avantage et ses désavantage. J'ai toujours envie d'être agent de bord, mais je trouve que les études doivent être difficile.
RépondreSupprimerPetite question, pour être agent de bord est-ce qu'il faut mesure une taille précis?
RépondreSupprimerBonjour Alka,
SupprimerIl n'y a pas de taille précise mais disons que moins de 5 pieds ca devient difficile.
La formation est donnée par la ligne aérienne donc tu n'as pas de diplome à avoir avant de postuler. À l'époque (2000) la formation était de 1 mois.
Bonne chance !
Merci,
RépondreSupprimerBonjour je mappelle noemie et je voudrais aller comme agent de bord mais , comme j'ai pu voir et que l'on m'a dit on doit absolument demenager soit a toronto ou vancouver apres notre diplome est ce vrai . j'aimerais que vous mecriviez sur mon courriel s.v.p . noemie.j20@outlook.fr merci
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