mardi 18 octobre 2011

Fermeture de la saison de camping

À Chaque année, l’Action de Grâces représente la fin de la saison de camping. Avant, nous allions souvent terminer la saison au Parc de la Mauricie. Depuis, 3 ans, nous allons au Parc national du Mont Orford, secteur du lac Stuckley. Ce parc est tellement beau à cette période de l’année ! Alors que les couleurs tirent sur leur fin dans les Laurentides, elles sont à leur meilleur en Estrie.

Habituellement, quand vient le camping de l’Action de Grâces, je n’ai plus de doute quant à la fin de la saison de camping. Il fait froid, ça commence à sentir l’hiver et on sait très bien que l’été est fini. Mais cette année…WOW !!!! Quelle belle fin de semaine nous avons eu !!!

Il y a deux ans, nous étions dans la boucle du «Sapin». Nos amis, Karine, Alex, & les enfants et nos amis Julie, Martin & les enfants ainsi que plusieurs membres de la famille de Julie étaient avec nous. Nous étions les seuls de notre gang à être en tente à terre, mais pas les seuls fous du parc…même si je dois avouer que la grande majorité était en tente-roulotte ou en roulotte sur des sites avec électricité. Pour Julie et sa famille, c’est leur rendez-vous annuel de camping avec tous les mononcles & matantes, cousins & cousines. Pour Érick et moi, c’était la première fois que nous allions dans ce parc. J’étais un peu déçue de ne pas avoir choisi la boucle du «Bouleau» qui était sur le bord du lac Stuckley. Un oncle à Julie était dans cette boucle et avait demandé de changer de place parce qu’il trouvait qu’il ventait trop. Je m’étais dit qu’il devait être un peu douillet…

C’est vrai qu’il avait fait très froid ce week-end là. La météo annonçait un risque de gel au sol…et en tente on est assez près du sol !!! Il faisait environ 8-10 degrés le jour et environ 1-2 degrés la nuit. Un matin quand on s’est levés, les pare-brises des voitures étaient recouverts de frima et il y avait une fine couche blanche au sol.

Malgré tout, nous avions passé une merveilleuse fin de semaine. Il avait fait soleil la majorité du temps et on était en bonne compagnie. On avait fait la rando du Mont Chauve et il y avait eu quelques flocons de neige. Le jour, on était bien avec le soleil. La nuit, dans nos bons et chauds sleeping bags et avec notre petit chauffage de camping, on était aussi bien au chaud. Mais le pire c’était le soir au bord du feu. Je n’avais pas froid au haut du corps qui était bien protégé par de multiples épaisseurs (style pelures d’oignon!). Par contre, j’avais les fesses et les cuisses gelées! Je m’étais juré que mon prochain achat au retour serait un pantalon de combinaison !





L’année dernière, quand j’ai réservé, j’ai choisi la boucle du «Bouleau», avec un terrain juste en bordure du lac. Je me disais que la météo ne pourrait être aussi froide que l’année d’avant…Erreur !!! En arrivant le vendredi soir, on a installé l’abri-cuisine avec l’ouverture vers le lac, pour avoir la super vue sur l’eau. Mais le lendemain matin au déjeuner, nous avons vite fermé cet auvent pour nous protéger du vent qui soufflait vraiment très fort. Là je commençais à comprendre l’oncle à Julie qui avait changé de site l’année d’avant, je ne le trouvais plus aussi douillet ! Un de nos amis, Alain, qui avait réservé un peu après nous avait été bien déçu de ne pas pouvoir avoir un terrain disponible près du lac…mais finalement, nous avons passé la fin de semaine sur son site ! On mangeait là et on veillait au feu là aussi…il ventait beaucoup moins et il faisait moins froid.

Moi qui avais cru qu’il ne pouvait pas faire aussi froid que l’année précédente, je m’étais trompée royalement. En fait, je pense qu’il faisait encore plus froid. C’est certain que le fait d’être près de l’eau amplifiait cette sensation de froid. Par contre, j’étais mieux équipée; j’avais des «combines» et des liners en polar pour mettre dans nos sacs de couchage (ce qui augmente la capacité du sac de 5 degrés). Pour nos amis Sylvain & Brigitte pour qui c’était la première fois qu’il campait aussi tard dans l’année, j’avais peur que ça les décourage. Mais non ! Nous avons eu une très belle fin de semaine de camping !


Alors cette année, j’ai choisi un site loin du lac ! Je m’attendais au pire. Même quand la météo prévoyait beau et chaud, je n’y croyais pas. J’ai apporté quelques t-shirts mais surtout des chandails chauds et même mes «combines». J’avais apporté mes gougounes uniquement pour prendre ma douche, mais finalement je les ai portées toute la fin de semaine !

Érick avait pris congé le vendredi et est arrivé vers 14h au parc du Mont Orford. Il a tout installé seul. Moi, j’ai quêté un «lift» à mes amis Marcel & Nathalie et nous sommes arrivés vers 19h30. On a été pris dans un traffic de fou !!! Mais une fois arrivée, tout allait bien. Je me sens toujours bien en camping, dans la nature; il n’y a aucun stress, on fait juste profiter de la vie. Nos amis Julie, Martin, les enfants et la famille de Julie ainsi que Sylvain et Brigitte nous accompagnaient aussi pour ce séjour.

Il a fait tellement, mais tellement beau et chaud !!! Même le soir au feu, moi qui suis frileuse, je n’avais qu’une petite veste, pas besoin de m’habiller en pelure d’oignon. Le samedi, les gars sont allés faire une «ride» de vélo. Pendant ce temps là, Nathalie, Brigitte et moi avons été se promener lentement dans le parc, on est passées voir Julie et Martin, puis on est allées s’assoir sur une table à pic-nic sur la plage pour jaser et se faire chauffer la couenne ! Ensuite, on est revenues s’installer sur le site de Nathalie avec fromage, biscottes, humus et une bonne bouteille de vin. Quelle belle journée qui nous a permis de faire le plein de vitamine D.

Quand les gars sont revenus, nous avons commencé à préparer chacun nos soupers et nous nous sommes rejoint sur notre terrain pour manger tous ensemble. Érick et moi avions apporté un restant de rôti de palette avec des légumes. C’était vraiment très bon et plutôt inhabituel comme repas de camping. Mais Érick était quand même un tout petit peu déçu…d’habitude, on planifie toujours un souper de gros steaks cuits sur la braise. Et c’est ce que nos amis mangeaient alors je crois qu’Érick les enviait un peu !

Le dimanche, on est allés faire la rando du Mont Chauve avec Sylvain et Brigitte. C’était la troisième fois qu’on la faisait, mais la vue est toujours aussi belle et colorée quand on arrive au sommet. Au retour de la rando, en passant devant le lac, Érick a décidé de faire saucette ! Il s’est baigné dans un lac un 9 octobre !!! Il a avoué que ce fût plutôt saisissant, mais bien plaisant de pouvoir se baigner avec les feuilles en couleur. Le soir, nous sommes tous allés rejoindre Julie et sa famille pour le feu. C’était vraiment une belle soirée et on a tous veillé un peu plus que ce qu’on aurait pensé tellement la météo était clémente et la compagnie agréable. Érick a même terminé la soirée en veillant seul avec les parents de Julie !

Le lundi, j’étais vraiment triste de partir. Je ne voulais pas que la fin de semaine se termine, mais surtout je ne voulais pas que la saison de camping soit finie ! C’est une chose de terminer la saison quand il fait 2 degrés, mais quand on a encore l’impression d’être au beau milieu de l’été, ça devient plus crève-cœur ! Une chance que dans deux mois, nous irons dans une yourte que nous avons louée pour une troisième année dans le parc de la Jacques-Cartier pour le temps des fêtes !!!





lundi 3 octobre 2011

Moi, Chantale Lafrance, j’ai couru le demi-marathon de Montréal le 25 septembre 2011 !!!

Oui moi Chantale, moi la petite nerds à lunettes, la fille dont on ne voulait pas dans son équipe dans les cours d’éduc à l’école, moi qui a toujours détesté les sports, qui a toujours été nulle dans tous les sports, oui moi, j’ai couru un demi-marathon, j’ai couru 21,1 km !!! Je le dis et j’en reviens pas encore ! Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour je courrais le demi-marathon, je l’aurais traité de fou. Non seulement ce n’était pas dans mes plans, mais je n’avais aucune aptitude physique pour y arriver.

Mon chum m’a fait découvrir le plein-air, qui m’a fait découvrir le camping, qui m’a fait aimer le plein-air, qui m’a fait aimer les randos en montagne, qui m’a amené à faire un trek de 7 jours dans les montagnes de la Cordillière des Andes au Pérou. À partir de ce voyage, j’ai voulu revivre ce sentiment de dépassement de soi et d’accomplissement. Il me fallait donc un nouveau défi. En entendant parler du Marathon de Montréal 2010 aux nouvelles en septembre passé, j’ai décidé que mon nouveau défi serait la course. Je me suis donné comme objectif de courir le demi-marathon l’année suivante.

Mon entraînement a donc commencé il y a un an. Je partais de loin. Ma forme physique s’était grandement amélioré dans l’année qui a précédé le voyage au Pérou car je m’étais entraînée en faisant du spinning 3 fois par semaine. Il m’aurait été impossible de faire ce voyage sans une bonne préparation physique. Mais même en étant bien meilleure, il y avait encore beaucoup de chemin à faire.

Au début, je courais par intervalles de 1 minute de course / 1 minute de marche. J’avais de la misère à faire ma minute de course au complet, j’avais le cardio dans le tapis ! Quatre mois plus tard, je pouvais courir 30 minutes sans arrêt. En avril, soit 7 mois après avoir commencé à courir, je participais à ma première course de 10km.

J’étais vraiment déterminée et j’ai même réussi à suivre mon programme de course (4 fois / semaine) pendant tout l’été et même pendant les vacances…sauf la semaine en Gaspésie mais j’ai fait plusieurs grosses randos en montagne.

Mon programme hebdomadaire comportait une longue course qui augmentait en distance à chaque semaine; une course à intervalles pour pousser la machine à fond mais sur de courts temps; une course moyenne (45min à 1h15) et une toute petite course de 30 minutes. Au «peak» de mon entraînement, ma longue course était de deux heures où j’arrivais à faire 15km.

Quand je me suis inscrite au demi, mon seul objectif était de le finir. Je pensais en marcher une grande partie. Puis, plus le jour J approchait, plus mon objectif s’élevait. Quelques semaines avant l’évènement, je me suis mis comme objectif de le finir en moins de 3 heures. C’était un objectif difficile mais réalisable. Si je pouvais courir 15km en 2 heures, je devrais pouvoir en courir 21 en 3 heures.

À la veille du jour J, je me sens fébrile. J’ai hâte, je suis énervée et stressée. À cause d’une course de 10km à laquelle j’ai participé la semaine dernière et qui ne s’est pas déroulée comme je l’aurais souhaité, j’ai un peu peur de ne pas être à mon meilleur. La semaine passée, c’est ma tête et ma motivation qui ont flanché pendant la course. Mais mon moral et mon mental, c’est supposé être ma force. Au Pérou, c’est ma persévérance qui m’a menée jusqu’au bout et c’est cette même persévérance qui a fait que je me suis entraînée régulièrement et pendant toute l’année. Puisque dans la semaine précédant le demi, on doit diminuer de beaucoup la longueur des entraînements, j’en profite pour travailler sur mon mental. Mélanie, une amie, m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup motivée : «The miracle isn’t that I finished, the miracle is that I had the courage to start». Et je l’ai eu le courage de m’inscrire à cette épreuve avant même d’être capable de courir 30 minutes et j’aurai le courage de courir quand le signal de départ se fera entendre. Mon chum, m’a dit de penser à l’évolution que j’avais eue depuis un an; il me dit souvent qu’il est fier de moi et ça m’aide à continuer. Moi aussi je suis fière de moi, mais c’est toujours le fun de se le faire dire…surtout par son chum. Érick m’encourage beaucoup, il me motive quand j’ai des petits découragements, quand l’évolution n’allait pas assez vite à mon goût ou que je stagnais. Mais surtout, il m’a dit de faire ce demi-marathon avec le sourire, d’apprécier le moment et de courir pour le plaisir. Il arrive un moment où la performance prend le dessus sur le plaisir et c’est là qu’il faut faire attention pour ne pas tomber dans ce piège.

Alors samedi, je me bourre de glucides (c’est pas du tout un sacrifice!!!) et je bois beaucoup d’eau. On mange une grosse assiette de spag avec plein de pain crouté…mais sans vin  et on se couche à 21h15 !!! Disons que j’ai connu des samedis soirs plus divertissant, mais il faut mettre toutes les chances de notre côté.

Dimanche matin : jour J ! Jour pour lequel je travaille fort depuis un an. Je pense aux athlètes qui s’entraînent pendant quatre ans pour la plus grande compétition de leur vie…bon je suis loin de ce niveau, mais ce que je veux dire c’est qu’on veut tellement pas qu’un incident bête vienne détruire tous les efforts mis depuis longtemps. Je suis debout à 6h00. Mon corps met toujours du temps à comprendre qu’il est debout, on dirait. J’ai toujours beaucoup plus de misère à courir le matin, comme si mon corps était encore au ralenti. Je prends donc un bon et gros déjeuner, je prends une bonne douche pour me réveiller et je me prépare. À 8h, on est partis. On veut arriver tôt et ne pas stresser avant le départ. On se rend au métro Cartier en auto, puis on prend le métro jusqu’à la station Jean-Drapeau. Dans le wagon, on voit des gens qui semblent être des coureurs aussi. Mais c’est quand on débarque à Jean-Drapeau qu’on voit toute la vague de coureurs qui convergent vers le même endroit. Nous sommes 24 000 coureurs aujourd’hui. Il y a plusieurs épreuves différentes au marathon de Montréal : le P’tit marathon des enfants de 1km. le 5km. le 10km, le demi-marathon (21,1km) et le marathon (42,2km).

Arrêt pipi et petite collation (banane et jus…encore des glucides) et me voilà prête à courir. On se dirige vers la ligne de départ sur le Pont Jacques-Cartier. L’ambiance est fébrile. On se place selon la bande de couleur sur notre dossard; cette couleur représente le temps qu’on estime faire. Les plus rapides s’installent au début et nous sommes plutôt vers la fin de la file, avec les marcheurs. Sur le pont, on rencontre notre ami Jocelyn. Pour lui, c’est la deuxième expérience. Il y a deux ans, il a fait le demi en 2h03 et il compte passer sous la barre des 2h cette fois-ci. On est tous gonflés à bloc. Il y a 8 000 coureurs pour le départ du demi, des gens de tous les genres : des maigres, des gros, des petits, des jeunes, des vieux, des athlètes, des hommes, des femmes, des gens bizarres, des québécois, des étrangers venus spécifiquement pour cet évènement…

10h30 ça y’est c’est le départ ! Érick a une boule dans la gorge tellement il est émotif. C’est vraiment spécial de se trouver là sur le pont Jacques-Cartier avec 8000 autres personnes qui ont le même but, le même loisir. Ça prend quelques minutes avant de passer le fil de départ, mais notre chrono part seulement quand on franchi la ligne de départ, grâce à la puce sur notre dossard. Wow ! On est sur le pont, on voit la ville de Montréal et je commence à courir mon plus long parcours de course à vie. Bon, je dois penser à commencer lentement, garder des forces pour la fin, prendre un bon rythme que je pourrai tenir très longtemps. Je ne dois pas penser que c’est le début d’une longue course d’environ 3h. Côté météo, il fait frais et nuageux avec un bon petit vent sur le pont. C’est parfait. Je souhaite que le soleil ne se pointe pas trop vite parce qu’on annonce un bon facteur humidex.

Le premier km se fait sur le pont. Certaines personnes marchent…il y en a qui marche aussi vite que je cours ! D’autres marchent moins vite et n’ont sans doute pas d’objectif de temps, ils veulent juste pouvoir se dire qu’ils ont participé à un marathon un jour dans leur vie. Chaque personne a des objectifs différents et c’est ce qui est fascinant…essayer de deviner les motivations de chacun. Certaines personnes portent des t-shirts disant qu’ils courent pour une bonne cause ou pour quelqu’un.

Quand on sort du pont, il y a l’affiche qui dit 1km. Déjà le premier km de fait. Je cours à une vitesse d’environ 7,5km/h, ce qui est ma moyenne habituelle. Au km 2, Érick me dit «il en reste juste 19…euh je veux dire on en a déjà 2 de fait!» Ouais je préfère la deuxième partie de son commentaire !!! Ça va bien. Après environ 4km, c’est la côte Berri ! Cette partie me fait peur. Elle est en début de parcours et je sais qu’elle est quelque chose ! Je me rappelle au Tour de l’île à vélo, il y a quelques années, avoir été incapable de la monter en pédalant et avoir fini par y arriver à pied et à bout de souffle, complètement vidée. J’entame cette fameuse côte…j’ai la ferme intention de ne pas arrêter de courir tout de suite. Pas de pause au début car ça brise le rythme. Je ralenti quand même un peu la cadence, mais ça va bien. Cette côte est en deux parties : une montée courte et abrupte suivi d’un plateau puis d’une deuxième montée courte et abrupte. Première partie réussie…petit répit sur le plateau…deuxième partie réussie !!! J’arrive en haut et je ne suis pas à bout de souffle, je suis vraiment contente d’y être arrivée sans avoir dépensé toute mon énergie. On m’avait dit que le premier 10km de la course (la première moitié) était plus difficile, il y avait plus de dénivelé. Après, il semble que c’est plat ou descendant la majeure partie. Au km 5, je suis à peine dépassée 40 minutes, soit une cadence de 8:00 au km (ça veut dire que ça prend 8 minutes pour franchir 1km). C’est le bon rythme.

Les kilomètres passent vite, j’en reviens pas comment je vois les km avancer et j’ai pas l’impression de «rusher» encore. Au km 7, je suis en deça d’une heure (environ 55-57minutes) donc je suis dans mon temps. À cet endroit, on donne des gels énergisants, Érick en prend quelques uns en réserve pour plus tard. Arrive, la deuxième bonne côte sur St-Joseph. Celle-ci est beaucoup moins pentue, mais beaucoup plus longue. Elle est plus difficile, mais ça va toujours bien. Je commence à avoir sérieusement envie ! J’ai bu énormément ce matin, en me levant, avant la course et aussi un peu pendant la course car c’est important de bien s’hydrater, mais là j’en ressens les effets. Au km 9, il y a des toilettes Jiggs (toilettes de chantier de construction), mais je me dis que je serai en mesure d’attendre à l’arrivée…erreur !!! Je sais pas si le seul fait de les avoir vues a amplifié mon envie, mais ça commence à presser. Bon, je vais devoir quand même attendre les prochaines toilettes. Je commence à ressentir le besoin de prendre une pause, mais je me suis donnée comme objectif de ne pas marcher avant le premier 10km. Je l’ai déjà fait, mais c’était lors d’un entraînement de 10km où je pouvais arrêter après, mais là je dois penser qu’il m’en reste encore 11 après ! Je suis vraiment contente, j’ai réussi à ne prendre aucune pause marchée jusqu’au km 10 ! Alors au 10, je marche un peu, environ 1 minute, pas trop longtemps car on dirait que j’ai encore plus envie quand j’arrête de courir. Je suis à 1h21, donc à peine une minute de plus que ce que je souhaitais. Au km 11, je suis à 1h33, soit une cadence de 8:30 au km. Mon rythme ralenti un peu. Il y a des toilettes. J’ai pas le choix, je dois y aller même si ça va me faire perdre quelques minutes. Il fait vraiment chaud dans la Jiggs bleue, j’ai l’eau qui me pisse dans le front. Dehors, c’est un peu moins nuageux, mais il y a quand même de l’air, mais dedans cette minuscule cabane, c’est irrespirable. Je ressors de là encore plus en sueur !... mais au moins j’ai pu envie !!!

Je sais que c’est toujours plus difficile un coup que j’ai pris une pause. Les km commencent à avancer un peu moins vite; je ne parle pas en vitesse, mais dans ma tête ça passe moins vite. Je me dis que je dois continuer sans pause au moins jusqu’au km 15…mais je n’y arrive pas. Au km 14, je marche quelques secondes et encore une autre pause au km 15. À partir de là, ça devient plus difficile. Je frappe mon mur ! Du km 15 au km 19, je prends plusieurs pauses. Je n’ai pas de crampes, mon cardio va bien, je n’ai pas d’ampoules, je n’ai pas mal, je n’ai pas de bobos…mais mon corps est fatigué, il veut juste pu courir ! Au km 16, je suis à 2h20, ma cadence moyenne est donc baissée à 8:45 au km. Il me reste 5km et je dois les franchir en 40 minutes si je veux être sous la barre du 3h…difficile mais j’ai encore l’espoir de réussir; je me dis que j’aurai peut-être un regain pour un sprint au dernier km. Mais plus ça va et plus je prends des pauses. J’essais d’y aller kilomètre par kilomètre, je me dis «cours au moins jusqu'au prochain».

On suit un monsieur. Il est vieux, au moins 70 ans, il porte un dossard rouge ce qui veut dire qu’il fait le grand marathon (42,2km). Il court vraiment lentement, mais il n’arrête jamais, il ne marche jamais; je n’arrive pas à le dépasser. Vers la fin, deux très grands jeunes hommes qui étaient en bordure du parcours, venus pour l’encourager décident de se joindre à lui pour courir les derniers miles. Je présume qu’ils doivent être leurs petits-fils…Avec leurs grandes jambes, ils marchent à grandes enjambées alors que le grand-père court de ses petits pas constants. Il semble tellement content de les avoir près de lui. J’ai tellement d’admiration pour cet homme !!! Courir un marathon, c’est un exploit en soi, mais le faire à 70 ans c’est tout simplement exceptionnel ! Mon orgueil me pousse à essayer de la dépasser…sans succès !

Tout au long du parcours, il y a des gens pour nous encourager. Ils applaudissent, crient; certains ont des pancartes avec le nom d’un coureur et des messages de motivation. Vers le 17ieme kilomètre, une dame me crie «lâchez pas, y’en reste juste 4, vous êtes presque arrivés !» Je dis à Érick : «Non mais elle a jamais couru elle pour dire ça ! 4km c’est encore loin!!!». Je suis toute offusquée !!! La fatigue me rend irritable, faut croire ! Érick est crampé, il me trouve bien drôle et il me rappelle que cette femme voulait juste nous encourager.

Entre le km 18 et 19, je marche presque tout le long, je suis vidée. Je sais maintenant que je n’arriverai pas à terminer dans mon objectif de 3h, mais je ne veux pas me laisser décourager. Je dois penser au progrès que j’ai fait, à l’effort que j’ai mis, mais surtout au plaisir que me procure la course, au sentiment d’accomplissement que ça m’apporte. Je ne me laisse pas abattre, moi qui croyais être terriblement déçue si je ne réussissais pas mon objectif, je suis plus motivée que jamais. Puis, lorsqu’il reste environ 1,5km, Érick me dit «on repart et on n’arrête plus !». Je lui dis oui, mais je suis sceptique…pas sûre d’y arriver. Alors je recommence à courir. Je passe le km 20 et là je me dis qu’il en reste seulement un, je ne peux pas m’arrêter de courir quand y’en reste juste un !!! Donc je continue, je pousse encore un peu plus. Je ne cours pas vite, mais je cours. Il y a vraiment plein de monde qui encourage, on se sent transportés par la vague.

Arrivée aux abords du Parc Maisonneuve, il reste une centaine de mètres, j’aperçois mes amis Roxanne et Jocelyn (Jo a fait le demi en 2h04 et il est resté pour nous accueillir !) et c’est là que l’émotion monte ! Les larmes montent, ma gorge se serre; je vois l’arrivée ! Je vois ma mère, mes amis Karine, Alex, Samy et Mélina, je passe le fil d’arrivée…tout ça, mais je ne sais plus très bien dans quel ordre, c’est embrouillé, je suis trop émue. Ma gorge se serre tellement que l’air ne veut plus passer, j’inspire de toutes mes forces, mais on dirait que ça bloque, y’a presque pu d’air qui passe. Je panique un peu, Érick me dit de respirer doucement… Je pleure, je sanglote même, je n’arrive pas à contrôler les sons qui sortent de ma gorge. Moi, je viens de franchir la ligne d’arrivée du demi-marathon de Montréal !!! Qui l’eût cru !!! Certainement pas moi si on me l’avait dit il y a à peine plus d’un an ! J’ai couru le demi-marathon en 3h09min36sec. J’estime avoir marché environ 2km en tout sur les 21.

Mon chum me regarde, il me dit qu’il est fier de moi. Je suis tellement contente d’avoir réussi ! Et je suis vraiment heureuse de l’avoir fait avec mon chum. Il aurait pu courir à son rythme (il aurait pu le faire autour de 2h), mais il a préféré rester avec moi et me soutenir dans ce qui était pour moi un défi de grande importance.

Je rejoins les gens venus pour nous accueillir : ma mère; Karine, Alex et leurs enfants Samy et Mélina; Roxanne et Jocelyn. J’apprécie énormément les avoir près de moi dans ce moment important. Merci à vous !!! Samy me dit qu’il veut faire le demi l’année prochaine…il a 8 ans !! Je lui dis qu’il pourra faire le P’tit marathon des enfants de 1km, mais il me répond «non, je veux faire le 21 !!!». Si je peux l’avoir inspirer un peu, j’en serai ravie !

Nous avons reçu une médaille de participation, elle est vraiment belle et de qualité. On peut faire graver notre nom et notre temps au verso. C’est vraiment un beau souvenir.




Là, les bobos commencent à se faire sentir ! J’ai l’impression que tout tourne carré, j’ai les mollets «stif» et les orteils sensibles ! Mais ce ne sont que de petits bobos qui n’enlèvent rien à l’accomplissement et la fierté ressentis. Par contre, on voit des dossards rouges, des marathoniens du 42km, on les reconnait de loin à leur démarche boiteuse et leur air fatigué mais tellement fier !

Ma mère me dit qu’elle en a vu de toutes sortes en nous attendant à l’arrivée : des gens en sanglots, d’autres qui s’écroulent carrément, certains qui tiennent à peine sur leurs jambes, plusieurs qui nécessitent l’aide des paramédics…je présume que ce sont surtout des coureurs du 42km. C’est fou ce que l’on peut pousser son corps au-delà de ce que l’on croit nos limites.

Au retour, dans le métro, je m’endors !!!

On célèbre notre victoire (on a beau ne pas être arrivés les premiers, c’est tout de même une victoire pour nous !) avec un bon souper chez Blakks avec nos amis Sylvain et Brigitte. Avec une bonne bouteille de vin !!!!!!

J’ai appris la mort de l’homme de 32 ans au marathon en revenant à la maison. J’étais tellement bouleversée. Je me suis posée plein de questions…était-il un athlète, s’est-il improvisé athlète et participé à cette course sans s’être préparé adéquatement, a-t-il trop poussé la machine sans écouter son corps, a-t-il consommé un Red Bull ou autre genre de boisson énergisante dangereuse, y avait-il des gens venus l’attendre à l’arrivée qui l’ont jamais vu arriver ? J’ai finalement su qu’il était un athlète qui avait déjà couru un demi en deçà de 1h30. Il avait peut-être un problème cardiaque inconnu ? Allez lire cet article intéressant :
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/yves-boisvert/201109/27/01-4451666-mourir-en-pleine-forme.php

Le soir en me couchant, j’ai beau être fatiguée, complètement brulée, je me sens encore sur un «high».

Le lendemain, je suis un peu courbaturée et un peu raide, j’ai les bouts d’orteils sensibles, une petite ampoule au gros orteil et j’ai un peu mal aux hanches. Mais je suis agréablement surprise d’être aussi peu maganée. J’ai rien de majeur, pas de gros bobos.

Si je me suis lancée ce défi pour revivre des émotions intense comme au Pérou, je dois avouer que ce n’est pas aussi complet. Au Pérou, les sentiments d’accomplissement et de dépassement de soi dépassaient le simple côté physique ou même mental, c’était un sentiment qui englobait encore plus, c’était une expérience de vie en soi, c’était presque un nouveau moi. Mais ceci dit, ça n’enlève rien à l’expérience vécue au demi-marathon, une expérience que je compte revivre à coup sûr.

Un gros merci à tous ceux qui m’ont encouragée toute l’année et merci à ceux qui sont venus m’accueillir à la ligne d’arrivée. Merci aussi à Mélanie pour l'inspiration qu'elle m'a apporteé. Mais surtout, un ÉNORME merci à mon chum. C’est grâce à lui que je suis rendue où suis. Il est toujours là pour m’encourager et me supporter dans tout ce que je fais. Quand on fait une activité sportive ensemble (course, rando, vélo, ski…), je n’ai jamais ressenti aucune pression de sa part. Il ne se plait jamais de mon rythme qui est beaucoup plus lent que le sien. J’ai le meilleur mari du monde !!!  Merci Bidi !

Mon objectif pour 2012 : un triathlon sprint
750m de nage + 20km de vélo + 5km de course
C'est tout un défi car je ne sais pas nager ! Je ne connais que la nage du p'tit chien !! Mais encore une fois, j'aurai des gens pour m'appuyer; Érick qui a embarqué dans cette nouvelle aventure pour m'appuyer et Karine qui sera notre prof de natation privé.

Pour mes photos du marathon : http://www.marathonfoto.com/index.cfm?action=site.login
Entrez «Lafrance» dans «Last name» et sélectionner «Montreal marathon & run 2011»