lundi 8 octobre 2012

Demi-marathon de Montréal 2012

Il y a deux ans (septembre 2010), je commençais à courir. Au début, je courrais par intervalles de une minute et j’avais hâte que la minute finisse ! Un an plus tard, en septembre 2011, je participais à mon premier demi-marathon. J’ai couru le 21,1 km du Marathon Oasis de Montréal en 3h09. La fierté que j’ai ressentie à l’arrivée est indescriptible ! J’en revenais pas…moi, Chantale, j’avais réussi à courir un demi-marathon !!!

Le 23 septembre 2012, un an plus tard, je cours mon quatrième demi-marathon. En mai dernier, à Ottawa, j’avais réussi à passer sous la barre des trois heures avec un chrono de 2h59.

Pour aujourd’hui, mon objectif est de 2h55. Ce n’est pas une grosse différence avec Ottawa, mais retrancher des minutes n’est pas une mince tâche.

Quand j’ai couru l’an passé, ma mère était venue m’encourager et me voir passer le fil d’arrivée. Rappelez-vous que l’an dernier au marathon, il avait fait très chaud. Ma mère avait été traumatisée de voir les coureurs arriver et certains qui tombaient comme des mouches. Elle avait eu peur de voir l’état dans lequel j’allais arriver. Mais, bien que j’étais épuisée, je pense que ma satisfaction était palpable. Elle m’a dit ‘’l’an prochain, je vais faire le 5km à la marche’’.

J’ai réussi à lui faire réaliser que marcher 5k ne serait pas un défi pour elle. Elle a alors dit qu’elle ferait le 10km. Elle a fait un petit test et est allée faire une marche d’environ 4km et elle a trouvé que ce n’était pas si difficile. On était en mars, soit 6 mois avant le Marathon de Montréal. Je lui ai dit que passer de 4 à 10 km en 6 mois ne serait pas un gros défi non plus pour elle. Tranquillement, j’ai réussi à la convaincre de s’inscrire au demi-marathon et de se donner le défi de marcher 21,1 km ! Elle s’est inscrite avec deux amies : Johanne et Micheline. Je leur ai préparé un plan d’entraînement sur 6 mois pour les amener graduellement à pourvoir marcher des distances de plus en plus longues. Elles ont suivi leur programme religieusement.

De mon côté, j’ai pris une semaine de pause après Ottawa à la fin mai et je suis réembarquée dans mon programme d’entraînement pour Montréal.

Erick pour sa part, avait réussi à convaincre notre ami Jocelyn de s’inscrire au 42,2 km ensemble. Erick avait couru un marathon complet à Red Rock Canyon en mars au profit de la Société de leucémie et lymphome du Canada. Pour Jocelyn, ce serait une première. Malheureusement, après 3 mois d’entraînement et un mois avant le jour J, Jocelyn s’est blessé en vacances et a dû déclarer forfait pour le marathon.

J’ai compté les dodos avant la course, mais je dois avouer que mon focus était beaucoup plus sur un autre évènement important qui allait avoir lieu le lendemain du marathon : mon opération pour mes yeux. Ceci a fait en sorte que j’ai commencé à me sentir un peu plus nerveuse seulement la veille de la course quand nous sommes allés chercher nos dossards.

Samedi – veille du jour J

En me levant le matin, je commence enfin à ressentir la fébrilité. On s’en va à l’expo à la Place Bonaventure afin de prendre possession de notre ‘’kit de course’’, c’est-à-dire notre dossard, notre puce (pour le chrono), notre t-shirt. Il y a beaucoup d’autres amoureux de la course !

Pour le souper, ma mère vient manger chez nous et on se fait un traditionnel repas de pâtes; un bon spag, rien de mieux la veille d’une longue course ! Et on accompagne ça avec une salade et du pain pour augmenter nos glucides afin d’emmagasiner le plus d’énergie possible pour le lendemain. J’en profite pour faire quelques dernières recommandations à ma maman. Malheureusement, une de ses amies, Johanne, ne pourra pas participer au marathon car elle a dû se faire opérer d’urgence. On est tous très tristes pour elle qui avait suivi tout son programme d’entraînement et qui se trouvait contrainte d’abandonner si près du but.

On prépare notre stock pour le lendemain et on se couche tôt !

Dimanche 23 septembre 2012 – Marathon Oasis Rock & Roll de Montréal : jour J !!!

Ce matin, debout à 5h am ! Je prends un bon déjeuner plein de glucide et hop c’est un départ ! À 6h, Erick, ma mère, Micheline et moi, sommes en route vers le métro Cartier. Dans le métro, plus on approche, plus il y a de coureurs dans les wagons. À la station Jean-Drapeau, c’est une marre de monde qui débarque ! Aujourd’hui, il y a 27 000 coureurs !!!

C’est grisant de voir toute cette foule d’excités gonflés à bloc ! Après avoir déposé nos sacs et fait un passage obligé aux toilettes, on se dirige vers le Pont Jacques-Cartier.

La météo s’annonce parfaite. Il fait froid ce matin, mais le soleil est au rendez-vous. Les coureurs se placent à leur corral respectif qui déterminera les vagues de départ. Les plus rapides sont à l’avant dans le corral numéro 1. Erick se place au corral #12 alors que Micheline, ma mère et moi prenons place dans le #18.

Sur le pont, je croise Mélanie, une amie qui m’a beaucoup inspirée au cours de mon cheminement dans la course. Je croise aussi des personnes de Team In Training.

L’attente est longue. Alors que la première vague s’élance à 8h30, notre tour se fait attendre jusqu’à 9h10. Plus ça va et plus je me dis que je vais devoir retourner aux toilettes avant le départ parce que sinon je n’arriverai pas à toffer pendant 3h ! Juste avant de passer la ligne de départ, je souhaite bonne chance à ma mère et Micheline et je les quitte pour faire un arrêt dans la dernière ‘’Jigg’’ avant le départ. Pendant que je suis dans la toilette, j’entends l’annonceur dire qu’il ne reste que quelques minutes pour passer la ligne de départ pour que notre puce soit activée et notre temps enregistré ! Je me reculotte assez vite et je m’élance vers le départ. Après une minute à ce rythme de sprint, je réalise que je dois ralentir car je ne tiendrai certainement pas ce pace pendant 21km !!

Quelques minutes après ce départ étrange, je croise ma mère et Micheline. Elles semblent confiantes.

Cette fois, je mets le son de mon I-Pod vraiment très bas, je ne veux pas passer à côté de l’ambiance comme ça s’est produit à Ottawa. Dès le début, ça va bien, j’ai le sentiment que je pourrais courir sans fin…mais bon faut pas trop que je m’emballe vite car je n’ai même pas 1km de fait !!

Peu après le départ, le trajet fait un espèce de U qui fait en sorte qu’on croise les autres coureurs. Je vois Micheline qui me dit que ma mère est quelques mètres derrière elle. Puis, je vois ma mère qui marche avec une autre dame et qui est suivie dans le derrière par la voiture de fin de course. Elle me dit ‘’je suis la dernière’’ et je lui réponds ‘’c’est pas grave, on s’en fout’’. Et on continue chacun de chemin. Mais je capote !! Elle n’est même pas au km 2 et elle a déjà le ‘’pace car’’ aux fesses ! J’espère que ce ne sera pas comme ça pour toute la course. Je sais c’est quoi que d’être suivie de près par la voiture qui ferme la course. J’ai fait une course de 10km au complet comme ça et je peux vous dire que ça joue énormément dans la tête ! C’est très dur sur la motivation quand on sait dès le début de la course qu’on sera la dernière du début à la fin. Je souhaite vraiment qu’elle apprécie sa course.

Je pense donc énormément à ma mère. Et ça fait que je ne pense presque pas à ma course; le temps passe donc très vite. Chaque fois que je vois une pancarte qui dit le nombre de kilomètres, je suis si surprise que j’ai l’impression qu’il y a une erreur ! Mais non ! 3km, 4km, 5km, 6km, 7km…, je réalise que j’ai déjà 7km de parcourus, c’est le tiers. Je me sens bien, j’ai l’impression que je viens de partir. Après avoir passé à côté de La Ronde et fait le tour de l’Ile Ste-Hélène, on est maintenant sur le circuit Gilles Villeneuve. L’inconvénient de courir sur ces deux iles, est qu’il n’y a aucun spectateur, pas d’encouragement. J’avais dit à ma mère et Micheline que dans les moments difficiles, elles seraient transportées par la foule…ce ne sera pas le cas aujourd’hui !

Il fait soleil et environ 15 degrés, c’est parfait pour courir. Il vente beaucoup par contre, mais c’est mieux que la flotte ou la canicule !

Environ au dixième kilomètre, on quitte l’ile Notre-Dame, puis on passe près du Casino et on embarque sur le Pont de la Concorde. J’ai maintenant parcouru la moitié de la distance. J’en reviens toujours pas à quel point ça passe vite. Tout va bien pour moi. J’espère que ça va bien pour ma mère aussi. J’espère qu’elle apprécie son expérience et qu’elle garde un bon mental. Je lui ai tellement répété souvent que le mental était capital dans une activité d’endurance que je suis certaine qu’elle y arrivera !

Le parcours se poursuit maintenant dans la ville. Il y a quelques spectateurs, mais ce ne sont pas les plus enthousiastes que j’ai vus !

Devant moi, j’aperçois un couple qui marche. Le chum flatte le dos de sa blonde et lui parle tout doucement. En passant à côté d’eux, je vois que la fille pleure. Je suis triste pour elle, je peux juste imaginer à quelle point ça doit être décevant de ne pas pouvoir arriver jusqu’au bout de ce pour quoi on travaille si fort depuis des mois.

Vers le km 15, on entre dans le Vieux-Montréal. Vraiment l’fun de courir dans ces rues !! Il y a l’équipe de Team In Training qui est là pour encourager. Ça me donne un boost !

Vers le km 16, la fatigue commence à se faire sentir. Mais surtout, j’ai faim, vraiment faim !! Je regarde ma réserve de jujubes, il ne m’en reste presque plus. Habituellement, j’en prends un à chaque 20 minutes. J’en ai pris un il y a 10 minutes, mais j’en reprends un autre. Il ne me reste que 5km à faire alors je vais en prendre chaque 10 minutes jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Je bois aussi une gorgée de mon mélange maison (jus, eau et sel), mais ici aussi c’est presque vide.

Chaque fois c’est pareil ! Baisse d’énergie entre le 15 et 18 ième… Sauf que cette fois, je suis déterminée à ne pas laisser cette fatigue attaquer ma motivation.

Au km 17, il y a une table de ravitaillement avec des bananes ! Yeh !!! La pauvre petite dame bénévole s’applique longuement pour me peler une banane parfaite, mais je veux juste qu’elle me la donne MAINTENANT !!! Bon, j’en mange le ¾, ça fait un peu de bien.

Je sais que le km 18 s’en vient…ma bête noire ! Et pire encore, la fameuse côte Berri !!! Je passe le 18, je prends un jujube et j’essaie de me ‘’minder’’ à affronter la côte. Je la connais, je l’ai déjà affrontée à vélo et aussi au marathon l’an dernier mais elle était en début de parcours. Là, elle se pointe au pire moment du parcours, au moment où j’ai tendance à frapper mon mur. À Ottawa, entre le km 18 et 21, j’ai marché presque la moitié du temps.

Ça y est ! Je la vois ! ‘’Just breath and do it’’ comme dirait mon amie Mélanie. Je prends donc une grande respiration et j’attaque. Mais je suis si fatiguée et j’ai si faim ! Je suis en train de me dire que je vais marcher, que je ne suis plus capable. Et c’est là que je vois mes amis Alain et Véro ! Ah Merci !!!!! Si vous saviez combien ça tombe à point ! Ils m’encouragent et Alain cout avec moi. Je me dis que je ne peux pas arrêter de courir alors qu’il est là pour courir un bout avec moi !! Alors je continue ! Je vois aussi Isabelle Lalonde mon entraîneur de Team in Training. Elle me dit qu’elle a vu mon chum et qu’il va bien. Un autre boost ! Après la première partie de la côte Berri, il y a un mini plateau, puis ça repart pour la deuxième partie. Cette fois, c’est vraiment trop me demander. Je marche. Alain marche avec moi jusqu’en haut de la côte. Alain et Véro, vous ne pouvez pas imaginer à quel point vous m’avez aidée !

En haut de la côte, j’ai retrouvé mon énergie. J’ai couru en 10/1 (alternance 10 minutes de course, 1 minute de marche) tout le long sauf la petite partie de la côte que j’ai marché. Je suis dans une pause de 1 minute quand je vois la pancarte 20km. Je repars à courir et cette fois, il n’est plus question d’arrêter avant d’avoir atteint la ligne d’arrivée. J’accélère même un peu ! Wow ! J’ai encore un peu de jus !!

Les derniers 500m sont pénibles. J’ai l’impression de me donner au max et sprinter en fou mais je sais que je vais à peine plus vite. Je me dis que mes amis Rox et Jo sont peut-être là pour me voir arriver. Mais je ne vois plus rien; plus rien que la ligne d’arrivée; je suis totalement dans mon monde !

Je passe la ligne d’arrivée à 2h55 ! J’ai atteint mon objectif ! Je regarde un peu autour de moi, mais il n’y a aucun visage familier. Je sens que j’ai tout donné. J’avance péniblement, je vois un bénévole et je m’avance vers lui et tends la main pour avoir ma médaille…qu’il me donne encore emballée ! Habituellement, on doit nous la mettre au cou! Je mets un pied devant l’autre mais tout est chambranlant, j’ai terriblement faim. Mes pas ne sont pas fluides du tout, j’ai mal aux jambes. Je me dirige vers la tente pour prendre quelque chose à manger, mais je ne veux pas sortir de la zone des coureurs car je veux pouvoir accueillir ma mère, Micheline et mon chum; je ne veux pas être avec les spectateurs de l’autre côté des barrières. Je dois user de stratégies pour me promener dans la zone en restant le plus invisible possible. Je me fais avertir à quelques reprises par des agents de sécurité, mais j’arrive chaque fois à me déplacer de quelques pas et rester dans la zone.

Je regarde les autres coureurs arriver. Il y a des gens qui me touchent énormément. Un papa qui arrive et sa toute petite fille saute par-dessus la clôture en le prenant dans ses bras. Le papa pleure à chaudes larmes. Plusieurs personnes passent l’arrivée très émues et fières; c’est beau à voir. J’ai hâte de voir arriver mon monde.

Environ une demi-heure après mon entrée, j’entends le nom de Micheline dit par l’annonceur, je cherche au loin et je la vois. Elle est en larmes et quand elle me voit, elle me saute au cou et pleure sur mon épaule. Elle me dit merci de l’avoir amenée à relever ce défi. Je la félicite et je suis très heureuse de voir qu’elle a apprécié son expérience. Elle voit son mari, sa fille et sa petite-fille qui la félicitent. Elle est très émue et fière d’elle. De mon côté, je cherche ma mère du regard me disant qu’elle ne doit être bien loin derrière. Je ne sais pas encore quel est le temps de Micheline puisque le temps au chrono est celui qui a commencé à 8h30 alors qu’elles sont parties au moins 40 minutes plus tard et elles n’ont pas de montre pour se ‘’timer’’elles-mêmes.

Quelques minutes plus tard, j’entends le nom de mon chum que je vois arriver. Il a réussi son objectif avec un temps de 3h55 pour le marathon complet (42,2km). Je suis fière de lui. Il est fatigué et il a mal partout mais il est heureux d’avoir atteint son but.


Puis, je vois enfin ma mère arriver ! Je vois son visage, je sens qu’elle est émue mais qu’elle se retient. Je m’avance vers elle et la sers dans mes bras en la félicitant. Maintenant, elle pleure et moi aussi. Elle me raconte que la voiture de fin de course l’a suivie tout le long de la course ! En plus, à cause d’une douleur sous les pieds (ça lui était déjà arrivé en entraînement, mais le problème semblait réglé depuis plusieurs semaines), elle a dû enlever des souliers et marcher nu bas pendant près de 5km !! Wow !! Quelle force mentale et quelle détermination ! Je suis vraiment fière de toi maman !!



Le temps limite était de 3h45 pour le demi-marathon. C’était la première année que le temps était si court, mais surtout que le respect de cette limite était si sévère. Plus tard, quand on a regardé les résultats officiaux, on a vu que ma mère a terminé avec un chrono de 3h47…mais qu’il y avait encore une vingtaine de personnes derrière elle (en plus d’une trentaine d’abandons). La voiture l’avait suivie, elle, parce qu’elle était la dernière dans les temps limites, mais ce qu’elle n’avait pas vu c’est qu’il y avait des gens derrière la voiture. Elle est contente de son temps ! Moi, j’avais prévue qu’elle le ferait en 4h alors elle a largement dépassé son objectif. Pour Micheline, son chrono est de 3h32 ! Super Micheline !! Vous pouvez être fières de vous, les filles ! Je savais que vous seriez capables !

Après la course, nous avons rencontré nos amis Roxanne et Jocelyn. Jocelyn était encore nostalgique de ne pas avoir pu participer à cause de sa blessure. Quant à Roxanne, elle a fait son meilleur temps au 10km avec 1h10 !!! Bravo Rox !!!!

Ce fût une belle course, mais surtout une super belle journée !! J’espère avoir transmis à ma mère le goût de bouger et de garder la forme et la santé !

Et quoi de mieux pour terminer cette belle journée que de célébrer en compagnie de mon chum et ma mère avec un bon steak de chez Blakks !!!

Au lendemain de cet évènement, c’est mon opération aux yeux et un mois sans courir…