mercredi 6 juillet 2011

Canot-camping en Mauricie (juillet 2011)

Il y a deux ans, mon chum m’a convaincue de faire du canot-camping. Lui, en avait fait à quelques reprises avec un ami et il avait vraiment aimé ca. Mon chum, c’est un «nature men» ! Il aime être dans le bois, la nature et être seul au monde. De mon côté, ca me faisait un peu peur : ramer pendant des heures, faire du portage avec des kilos de bagages et un canot à transporter, pas de toilette ni de douche…bref, pas de quoi m’attirer !!! Mais dans la vie, on change; on évolue. Mes expériences de plein-air, de camping et de randos m’ont appris à apprécier les bons côtés de la nature sans me laisser décourager par les petits inconvénients comme les bibittes, la pluie ou la chaleur suffocante. J’ai donc accepté à condition d’y aller une seule nuit. Je savais pas trop à quoi m’attendre…mais j’ai adoré mon expérience. Alors quand mon chum m’a proposé de recommencer l’expérience avec des amis cet été, j’ai tout de suite accepté.

Nos amis, eux n’avait jamais fait de canot-camping. Ils se sont donc fiés à nous pour savoir quoi apporter, comment s’équiper. On a choisi un itinéraire de 2 nuits dans le Parc de la Mauricie.

Départ samedi matin très tôt car il n’y a pas de réservation possible par téléphone alors il faut arriver à l’ouverture pour s’assurer d’avoir de la place. La météo s’annonce bonne : chaud et humide avec des possibilités d’orage pour dimanche. Mais un orage, ca ne dure habituellement pas longtemps alors on devrait bien s’en tirer. On arrive au parc à 7h15. Certains terrains sont déjà loués par des gens qui sont arrivés hier. On discute avec l’employée du parc pour être en mesure d’établir un itinéraire de deux nuits bien équilibré avec de beaux «spots» de camping.

Notre départ se fait de Wapizagonke-Sud. Mauvaise nouvelle en partant, au point de location des embarcations : il ne reste plus de canot léger ! Il y a deux ans, on avait loué le canot à l’extérieur du parc et nous avions un canot d’environ 60 lbs. Mais cette fois, nous avions une seule voiture et deux canots à louer donc impossible de louer en dehors du parc. Les canots qui restent pèsent environ 75-80 lbs. Ouf ! Pas évident à transporter ! On nous suggère de prendre la voiture jusqu’à Wapizagonke-Nord où il reste PEUT-ÊTRE des canots légers. Rien n’est certain et en plus ca vient tout défaire notre itinéraire et les nuits planifiées. On décide donc d’y aller avec ces lourds canots.


Départ en canot vers 8h30. On navigue sur le lac Wapizagonke. C’est vraiment un beau lac, il n’y a aucun vent et c’est comme un miroir. Le paysage est magnifique et paisible. On est tellement bien sur l’eau; pas de stress, le chant des oiseaux, le clapotis de l’eau, le beau soleil et une superbe vue sur nos forêts québécoises. On rame pendant environ 1h30, puis on arrive à notre premier portage. Ce sera le plus long et le plus difficile de notre séjour : 2,8 km de sentier qui monte. On installe nos sacs à dos. Je porte le sac le plus gros car Érick portera le canot seul. Ce sac est très gros, avec un sac de couchage accroché de chaque côté et des tapis de sol attachés derrière. Il est haut et large avec tout ce stock accroché, il est lourd aussi; il contient, entre-autre, les vêtements et la gamelle. Érick porte le sac le plus petit, mais il est aussi lourd, sinon plus que le mien; il contient la nourriture et l’eau. J’ai l’air d’un mulet avec ce sac dans mon dos, c’est à peine si on peut me voir devant le sac ! Sylvain et Brigitte, nos compagnons de route, s’organisent différemment. Brie prend le plus petit sac à dos et Syl prend le gros sac malgré le fait qu’il devra porter le canot. Les gars embarquent les canots sur leurs épaules; ils ont l’air d’avoir un énorme sombrero sur la tête (sauf qu’il n’est pas rond, bien sûr!). Ca y’est, on est partis ! Ouf ! Dès le départ, mes hanches me font souffrir. J’ai une faiblesse aux hanches et ce matin je me suis levée déjà avec un mal de hanches à cause de ma course d’hier. En plus, j’ai l’impression que mon sac à dos est mal adapté pour moi, il me faudrait un sac fait exprès pour les filles, plus court et mieux ajusté pour les petites tailles. Par contre, mon cardio va très bien. Je suis vraiment contente, je me rends compte à quel point la course m’a aidée à m’améliorer de ce côté. Sylvain trouve ca vraiment difficile. Comme il a le gros sac qui est plus haut au dessus de la tête, le poids du canot pèse encore plus sur le sac. Après le premier kilomètre, il décide de laisser le sac là et revenir le chercher après. Mais Brie décide de tenter d’apporter les deux sacs. Elle prend le deuxième sac devant, comme un bébé. Elle garde une des rames, mais je prends l’autre alors j’en porte trois. Ce n’est pas facile pour elle, car elle ne voit pas bien devant avec le sac qui lui cache un peu la vue. On avance lentement. Je lui propose de laisser le sac là. Plusieurs personnes font les portages en effectuant plusieurs voyages pour arriver à porter tout le stock. Mais elle est déterminée à continuer. Il fait très chaud et humide. On sue à grosses gouttes ! Les gars sont devant et on sait qu’ils viendront nous rejoindre quand ils auront déposés les canots au point d’arrivée pour venir nous aider. Je crois que Brie a vraiment hâte de les voir revenir ! C’est difficile physiquement : la chaleur accablante, le poids sur nos épaules, les avirons à porter…mais ca va quand même bien. Mon cardio est «top shape» et mes hanches semblent s’être réchauffées et me font moins mal. Quand on voit enfin les gars revenir vers nous, on est contentes ! Syl prend le sac que Brie transporte comme un bébé depuis environ 1 km et Érick prend mon sac. Je me sens tellement légère; tellement qu’on gambade ! Il faut se dépêcher car Érick a laissé le sac contenant la bouffe avec les canots et il ne faudrait pas qu’un animal le flaire et se régale !

On repart donc ensuite sur le lac Caribou. Encore environ 1h30 de navigation. Le paysage est tout aussi beau. Le vent se lève en fin d’avant-midi alors il y a un peu plus de vagues sur l’eau, mais le soleil est toujours au rendez-vous. Ca commence à devenir plus ardu de ramer, nos muscles sont fatigués; les trapèzes et les poignets sont endoloris. Au bout du lac Caribou, il y a une belle plage où plusieurs personnes s’y baignent. On passe par une petite voie étroite et peu profonde qui nous mène à la Baie Cobb. Nous arrivons à notre terrain de camping vers 13h30. Il est situé dans cette baie où nous semblons être les seuls visiteurs. Il y a une petite plage où on accoste et un peu plus haut dans la forêt se trouvent nos emplacements de camping. On monte nos tentes en quelques minutes, on enfile nos maillots et on relaxe sur la plage. Il y a absolument rien à faire et c’est précisément ce qui est intéressant. On relaxe; Syl pique un somme dans le fond du canot pendant que nous admirons le paysage. En fin d’après-midi, il commence à pleuvoir un peu. On se met à l’abri dans nos tentes et on en profite pour faire une petite sieste. Au réveil vers 17h, il fait à nouveau soleil. Ce soir, on mange du riz en enveloppe «Sidekik» avec des morceaux de brocolis qu’on y ajoute. Syl et Brie ont apporté un litre de vin dans un contenant de carton semblable à un jus Oasis. Il est chaud, mais il est bon. Pour le dessert, on déguste une «beurrée» de Nutella ! En canot-camping, c’est important de mettre notre nourriture et nos vidanges loin de nos campements et bien à l’abri des animaux. Les sites sont équipés de hauts poteaux de métal sur lesquels on peut hisser nos sacs de provisions. On est tous fatigués. Ici, on ne peut pas faire de feu; les feux sont interdits sur les emplacements qui ne sont pas situés sur le lac Wapizagonke (donc plus loin de l’accueil). Je ne sais pas si c’est la fatigue ou si c’est parce qu’on n’est pas tous assis autour d’un feu, mais on ne jase pas beaucoup. On est comme tous un peu dans notre bulle. On aimerait aller se coucher, mais il est à peine 20h ! Nous veillons encore un peu par principe, mais à 21h, on est tous dans nos tentes pour le dodo bien mérité après les efforts de la journée.



Le lendemain matin, malgré le fait qu’on se soit couchés très tôt, on se lève vers 8h30. Presque 12h de sommeil...plus ou moins réparateur dû au peu de confort. C’est certain qu’avec seulement un tapis de sol bleu tout mince, couchés dans nos sacs de couchage presque directement sur le sable tapé, c’est assez dure pour le corps. Pour déjeuner, on mange des tranches de pain au beurre de pinotte et/ou au Nutella. Il fait beau et chaud encore ce matin. Après avoir décampé et rempaqueté notre stock, nous voilà repartis sur le lac vers 10h15. On retourne vers le lac Caribou pour ensuite traverser sur le lac de la Baie des onze îles que nous traversons au complet. Au bout de ce lac, il y a un petit portage de 0,6 km pour arriver sur le lac de la Halte qu’on traverse en entier en seulement quelques coups de rames. Puis, nous avons un autre portage à faire de 1,3 km. On nous a avertis que ce portage descendait beaucoup. Ce n’est pas facile pour les gars avec le canot sur les épaules, au dessus de leur tête, leur cachant la vue. Cette fois, Brie prend le gros sac à dos et Syl le petit. C’est vrai que c’est assez en descente et ca travaille mes hanches avec tout ce poids dessus. C’est notre dernier gros portage du séjour alors on s’encourage. Au bout, on est de retour sur le lac Wapizagonke, mais sur sa partie nord. On croise beaucoup plus de gens, des personnes qui font l’excursion d’une journée aux Chutes Weber. À partir du centre de location de Wapizagonke-Nord, ca représente une heure de canot puis une heure de marche. Nous y sommes déjà allés lors d’un séjour précédent en camping traditionnel. C’est un endroit qui vaut le détour ! On est donc maintenant en terrain connu. Après environ 1h de navigation, le ciel s’assombrie. Des orages étaient annoncés pour aujourd’hui. Érick propose d’accoster pour couvrir nos sacs et mettre toutes nos choses à l’abri afin de les garder au sec. On arrête sur une petite plage où il y a des emplacements de camping. On couvre nos sacs avec les couvre-sac et des sacs à ordures. Comme l’orage s’annonce imminente et plutôt féroce, on décide d’attendre que la tempête passe avant de retourner sur l’eau. On retourne les canots à l’envers sur nos sacs. On voit vraiment la tempête au loin qui s’approche de plus en plus; on voit le rideau de pluie avancer tranquillement. Quand il commence à pleuvoir, Syl a la bonne idée d’aller se réfugier dans les toilettes sèches (tous les sites ont une bécosse). Il y a de bonnes «draft» d’odeur, mais au moins nous sommes protégés de la pluie torrentielle qui tombe et des gros vents. Après une vingtaine de minutes, le ciel s’éclairci, le soleil se pointe et il fait beau à nouveau; comme si rien ne s’était passé. En retournant vers les canots, on passe devant le campement de gens qui ne sont pas là. Leur tente est pratiquement dans un lac ! Les emplacements sont comme un grand carré de sable sur lequel on monte la tente. Ce carré est encadré de bois avec de petites fentes qui servent de rigoles pour que le surplus d’eau se déverse. Mais dans ce cas, les rigoles étaient bloquées par des débris alors l’eau s’est accumulée et leur tente flotte dans une grosse mare ! Érick débloque les fentes pour que l’eau puisse s’égoutter…espérons pour ces campeurs que l’intérieur n’est pas tout détrempé !

Nous voilà donc repartis sur le lac pour nous rendre jusqu’à notre site de camping. Nous accostons sur une belle grande plage. C’est un très beau site et ici on a le droit de faire des feux. Par contre, il y a plus de monde puisque c’est un endroit plus accessible où on peut se rendre sans portage. En arrivant, Érick flaire l’arrivée d’un seconde orage. On se dépêche à monter les tentes et on y range notre matériel puis on se réfugie encore une fois dans les bécosses ! Il tombe des cordes ! Érick a peur que les tentes ne tiennent pas le coup à cause des forts vents alors il se porte volontaire pour aller y jeter un œil. Il est comme un enfant, il est content de courir sous la pluie diluvienne et revenir complètement trempé ! Une fois l’orage passé, on retourne sur la plage pour voir le ciel. On craint que l’orage ne revienne, mais le ciel se dégage à nouveau. Pour souper, on mange un bon vieux Kraft Dinner fait avec du lait Grandpré dans lequel on ajoute des tomates-cerises. Ce n’est pas de la grande gastronomie, mais je trouve que c’est très bon pour un repas en canot-camping sans glacière !

Pour l’eau, j’ai trouvé un bon truc pour que l’eau du lac soit bonne et potable. J’ai apporté du Pristine, un produit que j’ai découvert grâce à mon voyage au Pérou. C’est une solution pour purifier l’eau sans lui donner un arrière-goût comme l’iode. C’est rapide et efficace. Par contre, il fallait trouver un moyen pour enlever le sable, les feuilles, débris ou particules. J’ai donc apporté des filtres à café et le cône d’une cafetière pour filtrer l’eau. L’eau est donc filtrée et purifiée; parfaitement bonne à boire.

Le soir, on fait un feu…ou plutôt un nuage de fumée. Avec toute la pluie qu’il y a eu, le bois est trempe et difficile à brûler. Mais on apprécie tout de même le réconfort d’un bon feu de camp.



  

Le lendemain matin, c’est notre dernier jour, le jour du départ. Comme il fait un gros soleil, on en profite pour se baigner avant de partir. On se lave dans le lac avec un savon écologique…ca fait du bien d’enlever toutes ces couches de crème solaire et de Watkins sur notre peau.

Un petit 2 heures de canot avec le vent dans le dos pour notre retour au point de départ.


Le canot-camping est un peu une thérapie, comme une sorte de pèlerinage. L’effort physique, le défi de se rendre à un point, le peu de matériel, l’éloignement des grands centres, la nature…tout ca fait en sorte qu’on ne pense pas aux mêmes choses que quand on est assis dans son salon. Je ne pense pas que j’aurais apprécié ce genre d’expérience il y a quelques années. Il faut être capable d’apprécier autant la route que l’arrivée. Il faut aussi savoir apprécier l’aventure au complet, même les choses négatives car c’est le tout qui rend l’expérience enrichissante. Il faut également être capable de tolérer les petits trucs qui nous dérangent comme les moustiques ou l’inconfort des matelas de sol, il faut prendre les choses comme elles viennent et ne pas se soucier des détails.

Nos amis Syl & Brie ont semblé trouver l’aventure exigeante par moment et j’étais incapable de dire s’ils y trouvaient du plaisir. Mais au bout du compte, ils ont avoué avoir trouvé ca difficile par bout mais avoir beaucoup aimé l’expérience. Ils ont même l’intention de recommencer !