Je suis devenue agente de bord en décembre 2000. Au début, je faisais des vols vers le Sud, l'Ouest Canadien, les Maritimes et Toronto. La saison des vols sur l'Europe a commencé au printemps. Quand j'ai vu mon premier «Paris» sur mon horaire, j'étais vraiment contente. Mon premier vol en Europe ! Et en plus, comble de chance, l'équipage reste 2 jours à destination ! Pour la plupart des vols sur l'Europe, l'équipage reste 24h à destination soit, le vol atterrit en avant-midi et repart le lendemain avant-midi. C'est une trop belle occasion; je demande à mon chum de m'accompagner ! La compagnie aérienne offre des billets «stand-by» à 30$ pour famille & amis de ses employés. Aucune raison de ne pas en profiter ! C’est presque sûr qu’il pourra embarquer parce qu’au pire, il peut s’assoir sur le strapontin (jump-seat) supplémentaire dans le poste de pilotage (c’était encore possible pour les amis des employés avant le 11 septembre 2001).
La veille du départ, Érick et moi sommes assis dehors sur notre balcon et on fait des projets de visites. Puis, tout à coup, Érick pense à son passeport et se demande quelle est la date d'expiration de son passeport. On entre vite dans la maison, cherche le passeport et on voit que son passeport est…EXPIRÉ !!!!!!!! Il est autour de 22h et on part demain vers 20h. Panique générale ! Le lendemain matin, on est à 6h30 au bureau des passeports. On nous informe qu'il y a un moyen pour faire faire un passeport express…ca coute plus cher évidemment ! On doit remplir la demande, la faire signer par un répondant autorisé qui doit être joignable pour vérifications le jour même, aller porter la demande au bureau des passeports et attendre sur place que le passeport soit délivré. Ouf ! Tout fonctionne bien ! Quel soulagement ! Mais avec tout ca, on n'a pas dormi beaucoup et je m'apprête à passer une nuit blanche à travailler.
Quelques proches viennent nous reconduire à l'aéroport…un peu bizarre pour une employée qui s'en va travailler, mais je connais mon monde et si ca peut les rendre heureux, pas de problème. Au comptoir d'enregistrement, Érick se fait dire que le vol est plein et comme il a un billet «stand-by», il doit attendre de voir s’il y aura des «no-show». Ahhhh !!!!!!!!!!!!!!!! NON !!! On avait tellement hâte de partir ensemble à Paris. Mon amie Karine n’arrête pas de faire la navette entre nous et le comptoir pour vérifier si la situation s’améliore. Je ne comprends pas trop pourquoi elle est énervée comme ca alors que c’est Érick qui part et non elle !?!? Finalement, il peut embarquer sur le vol. Ouf !
On arrive à Paris le lendemain matin. Vite une douche à l’hôtel et nous voilà repartis (sans avoir dormi de la nuit). Un collègue agent de bord qui avait invité sa mère sur ce voyage nous propose de visiter tous ensemble. Quelle bonne idée puisque lui connaît bien Paris.
Je suis tombée en amour avec Paris. Il y a ces endroits dans le monde qui me font me sentir bien; le simple fait d’être là me rend heureuse. Pour moi, jusqu’à présent, il y a trois endroits comme ca : Paris, la ville de Québec et la Toscane. Je ne peux pas expliquer pourquoi, c’est simplement une question de feeling.
Il fait super beau et Félix, mon collègue connait bien le fonctionnement du métro de Paris (pas évident de s’y retrouver au début). On se rend à la Tour Eiffel, mais on ne peut pas monter tout en haut car l’ascenseur est fermé. Érick est déçu et il me fait promettre que nous y reviendrons. On se promène partout dans Paris ! L’Arc de Triomphe avec sa vue sur la Place de l’Étoile, cet énorme rond-point où douze rues se rejoignent et où la circulation est complètement folle…ils sont fous ces Parisiens ! L'avenue Des Champs-Élysées qui relie la Place de l’Étoile et la Place de la Concorde, où on ne peut s’empêcher de fredonner la fameuse «toune» de Joe Dassin. Les jardins du Luxembourg qui nous rappelle une autre chanson de ce prolifique Joe. Les jardins de Versailles (nous sommes arrivés trop tard pour visiter l’intérieur du Château) où on s’imagine les soldats de l’armée française de l’époque en train de se battre contre les Anglais qui arrive tout au fond là bas.
Le dernier jour à l’heure du souper, on discute avec le groupe où on ira manger. Érick me réitère son envie de retourner à la Tout Eiffel. C’est rare qu’Érick insiste vraiment pour quelque chose alors je me dis qu’il y tient vraiment. Comme les deux autres veulent voir autre chose qui n’est pas du tout dans le même coin, nous nous séparons. Érick et moi dinons (en France le souper = le diner !!) dans un petit resto des Champs-Élysées. Après le repas, je commande un café latte avec de la crème fouettée. Le serveur me dit :
- de la quoi ???
- De la crème fouettée
- Pardon ?
- De la crème, fouettée, je lui répète en tentant de mimer le geste de fouetter
- Désolé, je ne vous comprends pas
- Vous savez de la crème qu’on fouette et qu’on met sur le café…
- Ah ! Vous voulez dire de la crème Chantilly !!!!
De la crème Chantilly !!!! Non mais c’est quoi ca ? Qu’est ce qu’il ne comprend pas dans de la crème qui est fouettée ? Définitivement, ils sont fous ces Parisiens !
Après le souper, on se dirige vers la Tour Eiffel. On fait la file au guichet pour acheter des billets pour monter en haut. Un couple d’Américains devant nous demande à la fille au comptoir «Two tickets for the elevator, please». La fille lui répond qu’il ferme à 22h alors ce n’est plus possible. Érick me regarde d’un air tellement déçu, alors je lui dis «regarde-moi bien aller». Et je ne sais pas quelle bulle me passe par la tête, mais je m’approche du guichet et je dis, en prenant mon meilleur accent français «deux tickets pour le sommet SVP» (j’avais entendu des Français le demander de cette façon un peu avant). Elle me répond «mais bien sûr madame, voici». Je n’en reviens pas !!! Yé on peut monter au sommet !
En haut, on admire la vue et on jase. Érick me dit soudainement :
- Que dirais-tu si on continuait notre voyage plus longtemps ?
- On ne peut pas, j’opère le vol de retour demain !
- Non, je veux dire si on continue notre voyage pour toute la vie
Je ne comprends pas où il veut en venir, alors je lui réponds :
- Quoi, veux-tu qu’on se jette en bas !??!?!??!
- Mais non ! Je veux qu’on se marie !
Ca y’est, mon cœur s’est arrêté ! Les larmes coulent ! Je suis sans mot ! Érick me regarde et fini par me dire :
- Ben alors, c’est quoi ta réponse ?
- OUI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Bien sûr que je veux, oui je le veux !!!!
Je suis comme sur un nuage. Je vais me marier, nous allons nous marier (quand je parle de mariage, Érick préfère que j’utilise le « nous » !! ).
Sur le vol de retour, je flotte encore et j’annonce à mes collègues la bonne nouvelle. À l’aéroport, nos proches sont là. Maintenant je comprends pourquoi tout le monde était là au départ, pourquoi Karine était si énervée; tout le monde était au courant qu’Érick allait faire sa grande demande pendant le séjour ! … tout le monde sauf moi !
Érick et moi, on s’était fiancés en 1997 sans savoir si ou quand on se marierait. Un jour (je ne sais plus combien de temps après les fiançailles…) je lui ai dit «moi, je sus prête à me marier. Alors, quand tu le seras aussi, tu me le demanderas» !! Et il l’a fait, un beau jour de mai 2001, à Paris, au sommet de la Tour Eiffel !
Nous nous sommes mariés le 8 juin 2002.
Tu veux toujours voyager Chatou ?? :O) xx
RépondreSupprimerOui je le veux...encore ! xx
RépondreSupprimerWOW, quelle belle histoire... C'est comme un conte de fée...:)
RépondreSupprimerbon ça y est, j'ai les yeux dans l'eau :-)
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