J'ai beaucoup de choses à dire sur le Pérou et sur l'Italie et ca risque de prendre plusieurs capsules donc j'en parlerai plus tard. Alors je vais commencer par…le commencement : mon premier voyage à vie !
J'avais 20 ans. Bien sûr, j'étais déjà sortie du Québec, mais le plus loin où j'avais été était Wildwood…on ne peut pas parler de dépaysement !!! Le père d'Érick est allemand et il a encore de la famille là-bas. Érick m'a donc demandé si j'avais le gout d'aller en voyage en Allemagne avec lui. C'est sûr ! Non seulement mon baptême de l'air impliquait un vol de 6h au dessus de l'Atlantique, mais en plus je partais seule avec mon chum ! Wow !
En arrivant aux douanes à l'aéroport de Mirabel, le douanier me demande de mettre toutes mes affaires sur le tapis roulant. J'ai 2000$ dans ma petite sacoche de voyage !!! Je vois que les objets passent sous des espèces de bandes de rideaux, mais je ne vois pas où ca s'en va après. Érick me dit «Ne t'inquiète pas, tu le reprends tout de suite après». C'est la panique, j'ai beau être aux douanes où tout est sous surveillance, je ne vais pas laisser aller 2000$ comme ca ! Je retire donc discrètement ma liasse de ma sacoche et glisse le tout dans mes poches de Jeans. Je suis stressée au plus haut point. Le douanier me fait signe d'avancer, alors je fais un pas… pour me rendre compte que toutes mes affaires sont juste là ! C'était ca qu'Érick voulait dire par «juste après». Bon, je me sens vraiment débutante !!!
L'Allemagne m'a toujours intriguée. Je suis fascinée par l'histoire de la seconde guerre mondiale. J'ai lu de nombreux livres écrits par des juifs racontant leur histoire pendant la guerre. Comment peut-on être fasciné par la misère humaine ? En fait, ce qui me fascine dans cette histoire, ce sont deux choses.
D'abord, la méchanceté humaine. Comment l'être humain peut-il être capable d'une telle méchanceté ? La seule réponse que je peux voir c'est la soif du pouvoir. Pour Hitler, c'est un pouvoir à l'échelle d'une nation, voire mondial. Mais pour chacun des individus qui ont commis ces atrocités, je pense que c'est le pouvoir de vie ou de mort sur quelqu'un. C'est même plus que ca parce qu'au-delà de la vie ou la mort, il y a la souffrance, l'humiliation. Des gens ont été traités comme des bêtes, pire même parce que je n'oserais même pas faire subir un tel sort à un animal. Ces victimes étaient comme des insectes qu'on écrasait. C'est un concept que je ne peux concevoir. Qu'est-ce qui a pu les pousser à agir de cette manière ? La force de l'influence, de l'appartenance à un groupe peut-être…
Deuxièmement, il y a l'incroyable capacité d'adaptation de l'être humain. Comment une personne ayant subi tant d'atrocités peut-elle vouloir survivre ? Des gens ont vu leur famille mourir, se sont retrouvés seuls au monde et ont quand même eu la force de survivre et ensuite ils ont eu la force de résilience. Une chose que la vie m'a faite réaliser avec les coups dures, mais aussi au niveau du sport avec l'activité physique, c'est quand on croit qu'on n'est plus capable, on a encore un peu de force en nous pour continuer. J'ai vu à la télé un documentaire sur le chanteur Corneille qui a vécu le génocide au Rwanda et ca m'avait bouleversé de voir la force des personnes comme lui.
Le père à Érick, Hans, est né vers la fin de la guerre. Quelques minutes après sa naissance à l'hôpital, l'alarme a sonné. La mère et l'enfant ont dû descendre en vitesse se cacher dans l'abri au sous-sol. C'est difficile à imaginer pour notre génération qui n'a jamais connu la guerre…
J'aurais eu envie de discuter avec la famille à Érick pour voir leur version, comment ils ont vécu ca de leur côté. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais osé aborder le sujet avec eux. Environ 5 ou 6 ans après ce voyage, le cousin allemand Roger est venu nous rendre visite avec sa femme. Avec lui, je me suis sentie plus à l'aise d'en parler; peut-être parce qu'il était plus jeune et n'avait connu que l'après-guerre. Il nous a dit que c'était un sujet tabou, les Allemands ne veulent pas en parler. Il y a encore une grande différence entre Berlin-Ouest, libérés par les américains, prônant liberté et démocratie; et Berlin-Est, libéré par la Russie, pays communiste. Ce sont des gens qui ont été séparés tellement longtemps qu'ils ont évolué de façon totalement différente de sorte que ce sont maintenant deux cultures distinctes. Roger nous a fait un parallèle avec le Québec et la Canada qui sont deux cultures distinctes vivant dans le même pays… et on sait que ca peut occasionner des conflits !
Mes souvenirs sont plutôt vagues de ce voyage vu que ca fait presque 16 ans. Mais certaines choses restent. Je me rappelle que la tante Annemarie allait tous les matins à la boulangerie du coin pour nous rapporter du bon pain frais. Pas question de manger du pain de la veille en Europe !
Pas facile la communication entre des personnes qui parlent allemand et nous qui parlons français ! Presque tout le monde parle anglais, mais personne n'est parfaitement bilingue. Alors nous, on parle anglais avec un accent québécois et eux parlent anglais avec un accent allemand. Mais, on fini toujours par se comprendre !
On est allés à Berlin en train visiter la tante Charlotte. Une belle vielle dame qui avait beaucoup de vécu et qui parlait français. Érick avait visité la ville en 1989, peu de temps après la chute du mur. Il avait même pu ramasser un bout du mur. En 1994, le mur a complètement disparu, mais on voit les traces d'un asphalte neuf à l'endroit où se trouvait le mur. La porte de Bradenbourg sépare encore symboliquement la ville. La différence entre les deux côtés est flagrante. Berlin-Ouest est moderne tandis que Berlin-Est semble être tout-juste sortie de la guerre avec ses vieux bâtiments couverts de suie.
L'équipe de foot (soccer pour nous) de son cousin Hans-Jurgen avait un tournoi dans les Alpes autrichiennes près d'Innsbruck. Les joueurs nous ont donc embarqués avec eux dans leur bus voyageur. Ouf ! Je peux vous dire que ca «tinkait» pendant ce trajet-là !!! Les soutes à bagages étaient remplies de caisses de bières. On a dû faire plusieurs arrêts-pipi ! Les Alpes … tout simplement une des grandes beautés de la nature. Les montagnes grandioses, les vallées verdoyantes, les petits villages typiques avec les femmes en robe tyrolienne; tout comme dans la mélodie du bonheur !
C'était mon premier voyage, alors bien sûr j'ai aimé. Mais si c'était à refaire, ce serait totalement différent. Pouvez-vous imaginer que je n'ai même pas mangé de saucisses ni bu de bière !
Suivez ma prochaine capsule : Charlevoix
(le prochain message sera moins philosophique…!!!)
Super intéressant... Merci de partager ça avec nous...
RépondreSupprimerWowww ça fait vraiment réfléchir tout ça! Continue je te lis! :))))) ... et bravo!!
RépondreSupprimerLe senti, l'anecdotique et le verbe s'harmonisent et me procurent de belles images. Je trouve très plaisant de te lire. Alors MERCI à la prochaine!
RépondreSupprimerwow je connaissais pas ta curiosité sur l'histoire, c'est génial te lire
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